Dans le cadre de l'ouverture du débat d'experts de Dialogue de Trianon qui a eu lieu le premier jour du Xème Forum Gaïdar jubilaire, son modérateur Andreï Foursenko, conseiller auprès du président de la Fédération de Russie, a proposé aux chefs des établissements de recherche et d'enseignement de la Russie et de la France de formuler les axes les plus actuels de coopération entre les deux pays dans le domaine de l'enseignement, de la science et du développement du potentiel intellectuel.
En répondant à la question du modérateur, Mikhaïl Kotioukov, ministre de la science et de l’enseignement supérieur, a précisé que la signature de la Feuille de route entre la Russie et la France dans le domaine de l'enseignement supérieure et de la science qui a eu lieu l'année passée en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg a été fondée sur une solide expérience relative au développement des laboratoires communs et à la réalisation des programmes de formation communs. La Feuille de route prévoit le développement de la coopération scientifique et technologique entre les deux pays, le développement de la coopération universitaire, y compris de la mobilité académique. La création en Russie des centres scientifiques d'importance globale, par exemple, dans le domaine des mathématiques, est considérée comme un projet prometteur.
Un autre axe important est le développement de l'infrastructure de recherche et la participation aux projets comme ITER et ESRF. En outre, certains projets russes de catégorie megascience dans le domaine de la physique nucléaire, la flotte de recherche, y compris le projet NICA, représentent de l'intérêt potentiel pour le France.
Le troisième axe, c'est la coopération universitaire, les programmes communs, y compris ceux de double diplôme, et les universités réseautiques, dont l'Université franco-russe.
Frédérique Vidal a parlé de certains défis sociaux qui établissent de nouvelles exigences présentées à l'enseignement : adaptation des programmes d'enseignements aux intérêts des jeunes d'aujourd'hui et contribution à la meilleure accessibilité des connaissances. Mme Vidal a souligné la nécessité de créer des liens entre le monde académique et le monde des entreprises : « Il ne s'agit pas uniquement de la monétarisation des connaissances, mais de la réalisation de la plus-value par l'économie du pays grâce aux connaissances. »
Au cours de la discussion, les experts russes et français se sont penchés également sur le problème des programmes de formation flexibles. Il n'est pas exclu que dans un avenir prévisible le diplôme formel ne soit plus l'objectif principal de l'enseignement et qu'on voie la version numérique du modèle professeur – étudiant dans le domaine du développement et du contrôle des compétences.
En parlant des axes d'une coopération contractuelle sectorielle qui ont de l'importance et de l'intérêt pour les deux pays, les experts soulignent les axes suivants : macro-technologies de l'intelligence artificielle, technologies génomiques agricoles innovantes.
« En parlant des problèmes d'enseignements du futur, il faut comprendre de quel futur nous parlons. Nous devons servir la société et adapter l'enseignement aux besoins et aux nécessités de la société et du monde », — a souligné le président de Sorbonne Université Jean Chambaz.
Le président de l'Université Nice Sophia Antipolis Emmanuel Tric a parlé de la contribution au développement interdisciplinaire dans le milieu universitaire et de l'intégration de ses résultats en économie, surtout dans le cadre régional. Les experts considèrent que c'est un format décisif pour l'augmentation de l'influence social et économique des universités et même de l'efficacité des leurs activités éducatives, ainsi que des activités dans le domaine d'information. Dans les conditions de l'expansion continue de la société de l'information et de son caractère omniprésent, la place des universités dans la formation du grand public devient de plus en plus importante, surtout en ce qui concerne les méthodes du traitement correct des informations, les compétences liées à la distinction des informations de qualité et des informations falsifiées dans les domaines les plus divers. Emmanuel Tric a précisé que « les jeunes d'aujourd'hui doivent comprendre dans quelle société ils vivront demain et à quelle société nous devons les préparer, parce que l'intelligence artificielle ce n'est pas uniquement un phénomène mathématique, elle influencera le développement social. »
Le coprésident du Dialogue de Trianon Pierre Morel, le recteur de l'Académie RANEPA Vladimir Maou et le recteur de l'Institut d'État des relations internationales de Moscou auprès du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie Anatoli Torkounov.